La cage des mots

  • Isabelle Foret (Dana)

Il est des rencontres qui vous foudroient, vous laissent pantelant sans qu’aucun autre choix que celui de céder ne s’offrent à vous.

Il est des séducteurs (et des séductrices), si habiles, répondants si miraculeusement à nos manques et nos besoins, que nous pensons avoir enfin trouvé l’âme sœur.

Il est de ces amours si forts et si fusionnels que nous ne voyons que le sourire et les mains, aveuglés, ignorant la cage brillante à présent suspendue au-dessus de notre tête.

Un mot, une phrase, vite prononcé, fera déjà descendre la cage vers nous : « Tu ne penses pas que tu devrais… », « Tu es ridicule avec ce vêtement », « Si tu pensais un peu à moi… », « Cette coiffure ne te met pas en valeur », « Je pense que je mérite de… », « Avec tout ce que je fais pour toi… ».

Des mots qui ressemblent à des gifles, vous faisant si mal que le cœur en est écorché, lui qui bat si vite et qui pourtant ne vit plus que pour l’autre.

Petit à petit la cage vous entoure, vous laissant prisonnier des mots blessants, recroquevillé, n’osant plus parler ni même penser par vous-même, espérant la caresse, la mendiant mais restant paralysé par la peur.

Parfois la cage est si brillante, que même avec la porte ouverte vous restez dedans, chassant tout qui vous tend la main pour en sortir, ignorant le reste du monde, isolé, sous l’emprise de cet amour-drogue dont vous êtes devenu dépendant, le cœur écorché tant de fois que vous pensez le mériter.

Il n’y a aucune autre option valable que celle de prendre la fuite quand une personne brandit une cage au-dessus de votre tête, aucune autre, car une fois en place, il est bien difficile de s’en échapper…et quand bien même vous y arrivez, il reste des blessures qui saignent trop longtemps.

 

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