La Faucheuse

  • Isabelle Foret (Dana)

J’ai un peu de mal avec la mort.

Parce qu’il y en a eu trop et que je sais que ça ne s’arrêtera pas, elle gagne à tous les coups.

Trop de gens « même un c’est déjà trop » sont partis… des gens que j’ai aimés un peu, beaucoup, passionnément.

On croit qu’on va remonter la pente, parce que c’est ça la vie, on continue, pas le choix.

Mais ce n’est pas vrai, il n’y a pas de pente, que des vagues, avec des hauts et des bas ; même si, avec le temps, les hauts grimpent un peu plus et les bas semblent moins profonds.

Je sais qu’ils sont là, de l’autre côté d’un voile si fin que si je tends un doigt, je peux presque les toucher…alors parfois je leur parle, ça m’apaise un moment.

Avec tous ces morts, je devrais la connaître par cœur la Grande Faucheuse, ne plus en avoir peur, l’apprivoiser.

Mais ce n'est pas vrai, et puis un cœur qui a tant de blessures, même s’il ne saigne plus, reste un peu handicapé ; tous ces pansements, ça fait lourd pour marcher et avancer.

On apprend à le ménager, c’est mieux et puis on ne sait jamais : si la mort repasse par là, on ne pleurera peut-être pas...pas cette fois.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Thème Magazine -  Hébergé par Overblog