Et le respect b...!

Ça fait un moment que me titille l’envie de parler des femmes dans mon cas : les plus de cinquante ans célibataires. Pour la majorité des gens, et surtout des hommes soyons clairs, mais aussi de ceux que je nomme « les petits jeunes » avec souvent beaucoup d’affection, nous sommes entrées dans la catégorie des « persona non grata » en amour. Ce que j’ai pu en entendre des phrases du genre « après 50 ans une femme, c’est fini », « si tu prends une femme de plus de 50 ans, c’est juste pour qu’elle ne te demande pas un enfant », « moi si elle grossit, c’est au revoir », et je vous épargne les remarques les plus sordides sur l’état du visage et du corps !

Je ne vais pas écrire un article sur la défense de la femme, ce n’est pas mon idée et ce serait une perte de temps. Quand on en est à penser ce genre de choses, inutile de parlementer, tu peux toujours essayer d’enseigner le chinois à un ver de terre, il restera un ver de terre (je viens de l’inventer, qu’en pensez-vous ?) !

Je ne vais pas non plus écrire un article sur les bienfaits de l’âge qui avance, (à part l’état de mon cerveau que je trouve formidable), je ne vois rien de fabuleux au fait d’avancer vers l’inéluctable. Il faut juste accepter le fait que je ne pourrai plus courir comme avant, que c’est fini les nuits blanches et que ma peau, hé bien, il arrive qu’elle me donne envie de pleurer et que je maudisse l’attraction terrestre. C’est vrai, il y a aussi beaucoup de joie, mais c’est un autre sujet.

Je pourrais, il est vrai, écrire un article sur les performances sexuelles de ma tranche d’âge, car de ce côté-là, hé hé, on en connait forcément un rayon…l’expérience messieurs…

Mais non, j’ai juste envie de vous parler du respect, cette petite capacité, au demeurant banale, que nous ont, en principe, enseignée nos parents, nos grands-parents et aussi, nos enseignants.

Si mon grand-père, ce vieux Colonel à cheval sur les principes, avait entendu ce que certains mâles ont osé me dire, il leur aurait flanqué la raclée de leur vie et leur aurait donné rendez-vous le lendemain à l’aube !

Voyons messieurs et jeunes gens, où sont passées vos bonnes manières ? Que dirait votre maman si elle vous entendait critiquer la femme vieillissante, période qu’elle n’a connu que trop bien avant nous ? Et si vraiment votre mentalité de ver de terre vous fait penser ce genre de chose, ayez l’obligeance de le garder pour vous, on ne vous a pas appris que les mots, ça fait mal ? (J’ai envie d’ajouter « bande de malappris », mais ça ferait vraiment vieille école.)

Le respect des femmes, ça s’apprend : de leur corps qui a souvent porté la vie, de leurs yeux qui ont pleuré, de leur sourire, de leur peau qui a vu passer le temps beaucoup trop vite, de ces rides qui reflètent les milliers de fous rires.

La seule chose qui devrait être permise de leur dire, c’est « merci ». Oui ça s’apprend le respect, mais la gentillesse, l’empathie, la compassion, ça, en général, c’est inné, on ne force pas un ver de terre à partager son bout de terre avec sa voisine. Mais comme la vie est bien faite, vous verrez, l’âge c’est chacun son tour !

Et si vraiment, c’est au-dessus de vos forces de rester poli, passez votre chemin, et merci de ne pas nous adresser la parole, sauf, à la rigueur pour un bonjour au revoir.

Nous sommes de plus en plus nombreuses, sept femmes pour un homme dans cette tranche d’âge à être seules. J’envisage plus que sérieusement à fonder un petit club où nous pourrions boire du champagne chaque jour en prenant des cours de flamenco, où seuls les bonshommes respectueux seraient invités à nos diners et où le fait d’avoir plus de cinquante ans serait un événement qui se célèbre ! (J’en profite pour faire une parenthèse et vous conseiller le truculent roman de Didier Fourmy : Les pétillantes.) Qu’en pensez-vous mesdames ?

Heureusement, il n’y a pas que des vers de terre dans le monde, j'ai de grands espoirs et continue de penser que la galanterie existe et existera toujours.

I.D.F.